Mon questionnement de départ

Désire-t-on un rapport sexuel pour avoir de l'affection ou désire-t-on échanger de l'affection pour avoir de la sexualité ?

Un homme peut-il désirer un rapport sexuel (génital) en faisant abstraction à son besoin d'affection ?

Une femme peut-elle ne désirer que l'échange affectueux en refusant le rapport sexuel (génital) ?

Mon opinion à ce sujet

Pour moi, pour mieux comprendre le phénomène de l'affection, il faut le séparer de la sexualité comme telle même si elles sont inséparables en réalité.

Je considère l'affection comme étant l'aspect de la vie de couple le plus important parce qu'il crée un lien émotionnel significatif. Un lien émotionnel où se fonde la relation amoureuse. Sans la présence d'échanges affectueux entre un homme et une femme, il ne peut y avoir de relation amoureuse. Cela pourrait être une relation d'amitié ou d'affaires pour des intérêts autres que ce qui concerne la vie amoureuse.

La relation amoureuse implique la présence d'une dépendance affective. En d'autres mots, nous avons besoin de l'autre pour nous sécuriser. Une relation amoureuse, c'est avoir un pied-à-terre si je peux dire cela ainsi. C'est avoir une personne sur laquelle on peut se fier. C'est savoir qu'à chaque fois que l'on se sent mal, mélancolique, triste, incertain (ne), hésitant (e), insécure, on pourra aller se coller, se faire caresser, se faire toucher et être serré dans les bras (étreinte). Cette énumération de sensations correspond à la souffrance morale associée au besoin d'avoir un lien social intime. Besoin qui se comble à l'aide d'un échange d'affection.

Être amoureux (se), c'est être dépendant du plaisir et du confort émotionnel que l'autre nous procure. La relation amoureuse, c'est une relation de confiance où l'on peut se permettre d'être soi-même sans façade ou sans masque, où on peut se permettre d'afficher et de faire partager notre vulnérabilité, notre fragilité, que l'on se sent petit (e) sans défense, impuissant (e) et que l'on a besoin d'être pris en « charge ». Comme on dit, c'est parfois dur dur d'être grand (e).

La relation amoureuse est basée sur le partage des intimités. Quand on a pris contact avec la vulnérabilité de l'autre, on ressent une responsabilité de garder cela secret. Ce secret constitue l'intimité du couple. Une responsabilité qui m'amène à prendre soin de, à être attentionné, à se préoccuper du bien-être de et à être à l'écoute de l'autre.

Ce lien amoureux, soudé par l'affection, nous permet de nous sentir en sécurité. Se sentir en sécurité, voilà pour moi le point central ou la plaque tournante dans toute cette histoire. Si on ne se sent pas en sécurité, on ne peut se laisser aller à des activités sexuelles et cela est vrai autant pour l'homme que pour la femme.

La présence du lien affectif est essentielle ou un prérequis pour que le côté génital de la relation amoureuse puisse bien se vivre. En fait, dans ce contexte, le contact sexuel s'intègre naturellement dans l'échange affectueux. À travers le rapport génital, passe aussi l'affection et la tendresse que l'on a pour l'autre. Moi, après avoir fait l'amour et éjaculé, je me sens bien en grande partie et surtout parce que j'ai échangé de l'affection plutôt que par le fait d'avoir eu un « orgasme » comme tel.

Je vois ma génitalité comme étant un prétexte à un échange d'affection. Et une source d'énergie qui nourrit ma passion amoureuse. À cause de mon besoin d'affection, comme homme, je peux me laisser aller à ma pulsion sexuelle seulement si je me sens en sécurité avec ma partenaire.

Mon énergie sexuelle qui se traduit par une excitation à la vue de sa nudité. L'action de toucher et de humer ma partenaire s'associe à mon besoin d'être sécurisé et de sécuriser ma partenaire engendre spontanément chez moi un élan amoureux passionné. Je deviens hyper affectueux, tendre et doux envers ma partenaire.

Je la caresse, je la serre dans mes bras, je la frôle, je l'embrasse éperdument. Fou comme un balai, je perds le contrôle de moi en me laissant emporter par le plaisir de l'affection.

Théoriquement parlant, comme j'obtiens du plaisir en me masturbant comme tous les autres hommes tout en fantasmant sur des scénarios génitaux de type pornographique. Un comportement dénudé de sentiments et de gestes affectueux, que je pourrais transférer en présence d'une partenaire. Alors, dans cette situation, elle deviendrait le prolongement de mon imaginaire et un objet que j'utiliserais pour me masturber.

Mais normalement avec un homme socialement équilibré, cette situation n'arrive pas. Il va entrer spontanément en relation humaine avec la femme qui est devant lui à cause de son besoin d'être sécurisé. On comble ce besoin avec l'affection. Et c'est l'échange d'affection qui nous fait tomber en amour.

Être en relation implique un échange et une communication au niveau émotionnel. En relation, on se préoccupe de l'autre. De plus, la relation amoureuse se vit dans l'abandon mutuel. Car on doit absolument être capable de s'abandonner pour vivre un échange d'affection.

Dans ce contexte, ni moi ni ma partenaire, ne mène ou essaie de contrôler l'autre. On vit un sentiment de sécurité, on ne craint pas de faire des choses qui déplairaient à l'autre ou que l'autre nous ferait des choses qui nous déplairaient. Nous vivons une confiance mutuelle.

Copyright 1999 Les Éditions de la Femme. Tous droits réservés

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