L'abandon en théorie

Index
Le rôle du néocortex
La survie au centre de la question
Comment se fait l'apprentissage du plaisir
Ce qui peut nuire à notre capacité de s'abandonner à l'affection
Conclusion

Le rôle du néocortex

Par définition, l'échange d'affection se vit dans l'abandon physique et émotionnel. Notre capacité de s'abandonner réside en grande partie dans la relation que nous avons entre notre néocortex et nos deux cerveaux primitifs.

Ce type de relation est:

Comme monsieur, le Dr Marc Schwob dit : le néocortex joue le rôle modérateur envers l'archéo et le paléocortex. En d'autres mots, il est là pour contenir nos pulsions et nos émotions.

Nous avons en permanence la tendance de refouler et cacher nos émotions. Et la tendance à compenser par autre chose pour éviter de répondre à une pulsion ou parce que la situation nous empêche de le faire.

Les 2 rôles de cette relation modératrice

Cette tendance que nous avons d'utiliser le néocortex pour contenir nos pulsions et nos émotions a deux rôles. Le premier étant celui que j'ai d'écrit dans le texte précédant la rondeur en question 4e partie soit celle de pouvoir s'adapter à la vie en société. Le deuxième rôle étant de protéger sa vulnérabilité.

Qu'est-ce que la vulnérabilité

Être vulnérable signifie être fragile et sans défense. Fragile par rapport avec notre vie et sans défense devant des gens malveillants qui nous voudraient du mal. La vulnérabilité réside dans notre dépendance à combler nos besoins pour survivre et pour assurer notre bien-être physique et psychique (l'intégrité).

La survie au centre de la question

La pulsion maîtresse ou celle qui est la plus puissante en nous est celle de survie. Notre survie est orchestrée par l'hypothalamus. À cause de la force de cette pulsion, nous sommes tous des êtres sauvages et farouches en partant. Nous avons une tendance à être craintifs (ves), suspects (es) et méfiants (es). Ce sont des comportements de fuite et de repliement sur soi qui sont innés en nous. En d'autres mots, ils sont provoqués et/ou influencés par notre réflexe de survie.

Les éléments mis en jeux nous permettant de survive

Les organes des sens

L'ouïe, la vue, le toucher, l'odorat, le goût, senseur de chaleur et de douleur et le sens de l'équilibre, nous permettent d'aller chercher des informations sur l'état de notre environnement qui seront analysés par nos trois cerveaux. Ceux-ci réagissent en priorité en fonction de l'urgence à réagir à un danger .

L'hypothalamus (archéocortex), l'adrénaline et le système nerveux autonome

En cas d'un danger inévitable, qui survient sans avertissement, l'hypothalamus entre en jeu en sécrétant de l'adrénaline et en faisant augmenter le tonus du sympathique. Cela, afin d'effectuer des changements physiologiques (augmentation du rythme cardiaque, etc.) nécessaire pour obtenir une réaction rapide (fuite ou défense) pour sauver notre vie.

L'analyse de la situation et la réaction de l'hypothalamus sont instantanées. Une réaction si rapide que nous n'avons pas le temps d'avoir peur et encore moins de réfléchir. L'hypothalamus nous fait donc réagir par réflexe. Il agit comme bouton de panique : il réagit.

Le système limbique (paléocortex)

Le système limbique, nous fait sentir un danger éminent par anticipation, à l'aide de l'émotion de la peur. La peur est un message nous indiquant de nous préparer à toute éventualité. Il fait aussi, au même moment, augmenter le tonus du sympathique. La réaction émotionnelle face un danger éminent est la fuite.

Avec le système limbique, on parle d'intuition et d'analyse inconsciente de la situation au niveau émotionnel. Les choses qui nous font peur sont innées en nous, elles sont en mémoire de manière génétique. Donc, nos peurs ne font pas appel à l'expérience. On parle ici d'instinct de survie, car cela ne fait pas appel à notre capacité de réflexion.

D'ailleurs, la durée de cette analyse émotionnelle et le temps de réaction sont encore trop rapides pour que nous ayons le temps de réfléchir.

Si un danger, anticipé par le système limbique, survient finalement trop rapidement pour nous donner la chance de l'éviter. Alors, c'est l'hypothalamus qui prendra le relais pour tenter de nous en sortir.

Le système limbique agit comme sirène d'alarme pour nous donner le temps d'éviter un danger éminent : il voit venir le danger.

La matière grise (néocortex)

Ici, entre en jeu la mise en mémoire des expériences vécues qui ont mis en danger notre vie ou notre bien-être. Après chaque expérience d'une situation dangereuse, on fait l'analyse intellectuelle de ce qui s'est passé et on cherche pourquoi ils se sont passés. Tout cela afin d'éviter de se replacer dans la même situation.

Avec notre intelligence, nous analysons et évaluons les dangers potentiels avant de s'engager dans une aventure ou tout autre activité. On choisit consciemment le type de personnes avec qui ont est bien, on choisit les endroits et les chemins que nous savons sûrs pour nous. On s'arrange pour organiser notre environnement physique et social pour qu'ils soient sécuritaires, comme avoir un logement pour être à l'abri des intempéries et des serrures solides aux portes pour empêcher les intrus d'entrer. Finalement, on s'assure d'être avec des gens fiables, sociables et non violents.

Mais même avec toutes nos précautions, il peut parfois nous arriver une situation dangereuse ou un accident. Alors ce moment, nous arrêtons de penser. Le système limbique prend le relais pour nous pousser à l'éviter. Finalement, devant l'inévitable, c'est l'hypothalamus qui entrera en jeux pour réagir afin de nous faire éviter le pire.

Le néocortex agit comme un ordinateur de bord avec une base de données. Il prévoit. Avec l'hypothalamus, nous parlons de réflexe de survie. Avec le système limbique, nous parlons d'instinct de survie. Avec le néocortex, nous parlons de volonté de survivre.

État physiologique de vigilance, état émotionnel d'anxiété, état d'esprit d'insécurité permanent ou habituel

Parce que de toutes nos pulsions, celle de survivre est la plus forte en nous. Nous sommes dans en état physiologique continuel de vigilance, prêt à réagir à tout moment. Cet état de vigilance physiologique engendre un état émotionnel d'anxiété. Et ce dernier engendre un état d'esprit d'insécurité qui stimule notre réflexion. L'insécurité canalise nos pensées à prévenir les situations dangereuses en organisant notre environnement physique et social de manière à ce qu'il soit sécuritaire.

Dans ce contexte, comment l'abandon peut-il être possible ?

À cause de notre forte tendance à vouloir prévenir un danger éventuel et de nous protéger, s'abandonner n'est pas facile à réaliser. En effet, s'abandonner n'est pas inné en nous, c'est une habileté qui s'acquiert.

Abandon et plaisir

Comme l'abandon n'est pas inné en nous et que le plaisir survient dans tous les cas dans l'abandon, le plaisir est un apprentissage.

Comment se fait l'apprentissage du plaisir

Pour mieux comprendre pourquoi nous avons un état de vigilance permanent, nous devons remonter au moment de notre naissance. C'est à ce moment où nous étions le plus vulnérables. Notre survie ne tenait qu'à un cheveu. En fait, nous naissons dans un état de panique extrême et sous l'effet d'une forte dose d'adrénaline. Notre pulsion de survie était à son plus fort. Ce moment fut comme une marque de naissance qui s'est imprimée dans notre cerveau.

Le second évènement à survenir arrive au moment où nous avons commencé à respirer, soit après que le cordon ombilical eût été couper, fut la peur. D'ailleurs, elle est la première émotion que nous avons vécu, un grand état d'anxiété qui s'est exprimé par nos pleurs.

Nous aurions pu mourir dans la peur, sans avoir connu le plaisir d'être sécurisé par notre mère, dans le cas de son décès seul sans personne autour d'elle. C'est notre mère qui nous a fait vivre le premier de nos plaisirs, soit celui de l'affection transmise par le contact physique. L'odeur, la chaleur, la consistance molle des rondeurs du corps de la mère et la douceur de sa peau contribuent à sécuriser le nouveau-né.

À la naissance, le taux des endorphines est très élevé pour combattre l'extrême souffrance associée à ce moment. Le contact physique avec la mère fait diminuer radicalement la souffrance, pour un instant, il y a plus d'endorphines que nécessaire. Ce qui provoque une intense sensation de plaisir.

Le plaisir est une stratégie de survie

L'expérience du plaisir joue le rôle d'un guide pour nous aider à reconnaître les conditions qui nous assurent notre survie et notre bien-être en général. Avoir du plaisir signifie pour notre corps, dans tous les cas, que nous sommes dans une situation qui favorise notre survie.

L'apprentissage du plaisir se fait par conditionnement opérant dès le début et tout au long de notre vie. Par conditionnement, le poupon associe le plaisir qu'il retire au contact physique avec sa mère, au moment de sa naissance, au fait de pouvoir survivre. Par la suite, le poupon recherchera le plaisir par instinct. Par instinct, il sait que le plaisir lui permet de demeurer en vie.

De là l'origine de nos deux besoins de base

Dans les premiers mois de vie, le bébé consacre toutes ses énergies à survivre. Sa vie se résume à manger et dormir. La mère, en allaitant, répond simultanément aux deux besoins de base : celui de manger et d'avoir un lien social. Ils sont de base parce qu'ils sont primordiaux pour notre survie.

Le besoin d'un lien social sous-entend notre dépendance à la présence d'un autre être humain pour assurer notre survie. Ce qui est particulièrement vrai au début de notre existence. Ce lien social s'actualise par l'affection que la mère donne à son poupon. Le plaisir de l'affection réconforte et sécurise, d'où l'attachement du bébé à sa mère.

La recherche du plaisir conditionne notre vie

Le plaisir sert de renforcement. Il nous pousse à nous comporter de nouveau de telle ou telle manière pour revivre une situation qui nous a procuré du plaisir. Car le plaisir comble notre besoin d'être sécurisé.

C'est ce qui explique notre quête perpétuelle du plaisir dans tous les aspects de notre vie. Comme le plaisir est un apprentissage, nous pouvons en apprendre continuellement sur ce sujet.

Ce qui peut nuire à notre capacité de s'abandonner à l'affection

Même si nous nous trouvons parfois dans des conditions de vie idéale, un certain niveau de vigilance demeure toujours présent en nous.

Un niveau de vigilance qui varie d'intensité au cours d'une journée en fonction des situations qui se présentent à nous. Plus on a des besoins à combler et plus on est dans une situation de vie inconfortable, plus notre niveau de vigilance monte. Par exemple, juste par le fait de ressentir la faim, cela fait que notre organisme se met sur la défensive.

Le niveau de vigilance de minimum nécessaire et celui justifié

Pour faire suite, il existe dans des conditions de vie idéale un niveau de vigilance minimum nécessaire pour assurer un temps de réaction rapide en cas d'un imprévu. Celles-ci se retrouvent être le matin après une nuit de repos, avoir eu un souper copieux la veille, et être couché nu aux côtés de son ou sa partenaire.

Le niveau de vigilance justifié correspond à celui que nécessite la situation. Notre niveau de vigilance, le plus élevé dans une journée, serait au moment du retour à la maison après le travail. Nous sommes à ce moment épuisé et ressentons fortement la faim.

Le niveau de vigilance minimum superflu et celui injustifié

Dans notre historique de vie, nous avons tous vécu plus ou moins des expériences malheureuses comme : un manque d'amour, un manque d'affection, un manque d'attention, un manque de compréhension, rencontrer de gens méchants et avoir été blessés dans des accidents.

Expériences que nous avons gardées en mémoire et qui nous ont rendus plus craintifs (ves) et méfiants (es) que si nous ne les avions pas vécus. Ainsi, cela a contribué à faire monter notre niveau de vigilance de minimum au dessus de ce qui est nécessaire dans les conditions idéales citées ci-dessus.

D'où aussi un niveau de vigilance injustifiée en rapport avec la nécessité de la situation. Ce qui veut dire que nous faisons souvent plus d'anxiété que la situation ne le demande. En d'autres mots, nous sommes trop sur nos gardes par rapport à la dangerosité réelle de la situation.

Souffrir d'insécurité

Ce niveau de vigilance en trop amène la personne à faire de l'anxiété. En d'autres mots, elle souffre d'insécurité. Comme personne n'est parfait, nous souffrons tous plus ou moins d'insécurité, en fonction de notre historique de vie. Ainsi, plus le niveau minimum de vigilance superflue est élevé, plus la personne souffre d'insécurité.

La conséquence au fait de souffrir d'insécurité

Le fait de souffrir d'insécurité diminue grandement notre capacité de s'abandonner à l'affection. Il faut parfois réapprendre à s'abandonner. Apprentissage, que nous avons fait lorsque nous étions poupon. C'est en utilisant notre intelligence pour comprendre le phénomène plaisir/abandon, que nous pouvons nous reconditionner au plaisir. Cela, en appliquant les principes, les méthodes et les exercices dont ceux-ci formeront principalement le contenu de mes prochaines chroniques sur le plaisir de l'affection.

Qu'est-ce qui se passe quand nous souffrons d'insécurité

À cause de notre état de vigilance minimum superflu, nous avons tendance à exagérer le danger réel d'une situation ou voir du danger où il n’y en a pas. Danger, en relation avec les contacts sociaux avec les gens que nous côtoyons tous les jours.

Ce danger est imaginé et fait donc appel à notre intelligence (néocortex). Lorsqu'on réfléchit, on est rarement dans le moment présent. Quand nous pensons, nous analysons le passé pour prévoir le futur. Ainsi, à partir d'un danger imaginé, nous avons tendance à nous mettre sur la défensive afin de prévenir toute éventualité.

Tandis que nos deux autres cerveaux prennent plutôt une mesure de la situation en temps réel. Nos pulsions et nos émotions se vivent toujours dans l'instant présent. D'ailleurs, vivre l'instant présent, c'est se laisser être, se laisser vivre en arrêtant d'analyser les conséquences de nos actions.

Mais, comme nos trois cerveaux sont unis ensemble. Par un phénomène de vase communicant, ils s'influencent tous entre eux du bas vers le haut et de haut vers le bas. Tout ce qui part de nos deux cerveaux primitifs et qui monte vers notre néocortex reflète toujours fidèlement la réalité d'une situation. Le néocortex, à partir des informations reçues par l'archéo et le paléocortex, analyse les situations pour nous faire apprendre ce qu'il faut faire pour éviter les dangers.

Le danger que nous imaginons part du néocortex et descend vers le système limbique. Ce danger imaginé enclenche l'émotion de la peur. Cette peur est réelle malgré le fait que la situation ne comporte pas vraiment de danger dans les faits.

Un danger imaginé a deux origines, la première étant celle provenant de mauvaises expériences qui nous a rendu plus craintifs (ves) et l'autre étant l'ignorance. L'ignorance correspond à nos manques. Ils sont nos manques d'amour, nos manques d'attention, nos manques d'affection vécus dans notre enfance. Quand on ne sait pas, c'est quoi être aimé, on a de la misère à reconnaître les personnes qui sont capables d'aimer. On peut aussi être aimé par une personne sans être capable de s'en apercevoir.

Cette incapacité de reconnaître les gens bons de ceux qui sont non recommandables, amène la personne à penser que tous sont des pas bons. Ainsi, par réflexe de protection, par ignorance, la personne n'aura d'autre choix que de conclure qu'elle doit se protéger de toutes les personnes sans exception.

On se protège de quelle manière ?

C'est avec notre intelligence que nous nous adaptons à notre environnement. S'adapter à son environnement social, lorsque nous craignons tous les gens qui nous entourent, signifie de cacher nos émotions. On cache de ce qui se passe en nous en érigeant une façade.

Ériger une façade, c'est développer une stratégie d'évitement. C'est continuellement penser au comment on va se présenter devant les autres et au comment on va réagir s'ils découvrent une partie de notre fragilité. Nous voulons laisser paraître aux autres que nous sommes forts (es) et invisibles. Nous ne voulons pas admettre aux yeux des autres nos défauts. Nous ne voulons pas admettre que l'on est parfois tristes, que nous souffrons, que nous sommes gênés, que nous sentons incompétent (e), inadéquat (s) et insécure. Mais le plus grave, c'est que nous évitons d'avoir du plaisir. Car avoir du plaisir nous rend inévitablement vulnérables.

En fait, avoir une façade, c'est vouloir tout contrôler. Tout prévoir pour que rien ne nous arrive. Par définition, l'abandon, c'est arrêter d'avoir du contrôle sur soi.

Se réfugier dans ses pensées est une façon de fuir et de se mettre sur la défensive et de contrôler. C'est un repliement sur soi, pour éviter de se compromettre.

Par réflexe anxiolytique, plus on a peur de la réaction des autres, plus on se réfugie dans nos pensées.

Plus on se protège, plus le tonus du système nerveux sympathique augmente.

En récapitulant, moins on a vécu un lien social fonctionnel, stable, valorisant, dans notre enfance plus on sera craintif (ve) et on se réfugiera dans nos pensées pour fuir les situations où nous nous sentons menacés.

Qu'est-ce que l'on fait pour apprendre à s'abandonner

Avant toute chose, dans ce processus d'apprentissage que je vais vous proposer dans mes prochaines chroniques sur le plaisir de l'affection. Il vous faudra vous assurer de combler adéquatement vos besoins physiques. C'est un pré-requis essentiel, car la souffrance associée à nos besoins fait augmenter le niveau d'anxiété et conséquemment aussi celui de la vigilance.

Par la suite, il faudra apprendre quoi faire, au niveau social, pour faire baisser le niveau de vigilance de votre système limbique. Toute baisse du niveau de vigilance est associée à du plaisir. Le plaisir constituant l'élément de renforcement dans le processus d'apprentissage, par essai et erreur, il vous indiquera le bon chemin à suivre pour vous sentir plus en sécurité.

Cette expérimentation vous donnera la capacité de reconnaître les situations où vous pouvez retirer votre mur de protection. Et apprendre à faire varier notre niveau de protection en fonction de la dangerosité réelle de la situation. Par exemple, plus vous avez du plaisir avec une personne, plus cela veut dire que vous vous sentez en sécurité avec celle-ci.

Conclusion

Le ré-apprentissage du plaisir se fait en utilisant notre intelligence pour pouvoir nous placer dans un environnement sécuritaire afin d'augmenter le tonus du parasympathique et ainsi faciliter l'abandon.

Le message du plaisir monte vers notre néocortex pour influencer notre conscience. Le plaisir nous fait moins penser et analyser ce qui se passe.

Copyright 1999 Les Éditions de la Femme. Tous droits réservés

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