Les experts de la mode s'inquiètent du retour des « mannequins extrêmement minces »

Fashion experts raise concern about return to 'extremely thin models'
the Guardian - Publié le 11 octobre 2024

Nous sommes confrontés à un retour inquiétant à l'utilisation de mannequins extrêmement minces

On peut y lire:

Les experts de la mode s'inquiètent du retour des « mannequins extrêmement minces »

Les données montrent un renversement de la tendance vers l'inclusivité, avec 95 % des looks de 208 défilés récents portés par des femmes de taille 0

Les initiés de la mode ont exprimé leur inquiétude quant au fait que les progrès réalisés jusqu'à présent en matière d'inclusion des tailles dans l'industrie soient réduits.

Vogue Business a publié mardi son rapport sur l'inclusion des tailles pour le printemps/été 2025 et a déclaré : « Nous sommes confrontés à un retour inquiétant à l'utilisation de mannequins extrêmement minces » avec « un plateau dans les efforts d'inclusion des tailles à New York, Londres, Milan et Paris ».

Sur les 8 763 looks présentés dans 208 défilés de collections de vêtements pour femmes au début du mois, 94,9 % ont été présentés sur des mannequins de taille standard qui mesurent entre une taille américaine 0-4 (l'équivalent d'un 4-8 britannique). Seuls 0,8 % des mannequins étaient de taille plus, également appelées courbes (UK 18+), et 4,3 % étaient de taille moyenne (UK 10-16). À Milan, 98 % des looks ont été présentés sur des mannequins de taille standard, et Vogue Business a déclaré que certaines silhouettes de taille moyenne étaient biaisées par des marques mixtes qui présentaient des looks de vêtements pour hommes portés par des hommes musclés.

« On a l'impression d'avoir fait 10 pas en arrière », a déclaré Anna Shillinglaw, fondatrice de l'agence de mannequins Milk Management.

Les mannequins minces ont toujours dominé les podiums, mais ces dernières années, un plus large éventail de types de corps a commencé à être inclus. Jill Kortleve a fait la une chez Chanel en 2000 lorsqu'elle est devenue le premier mannequin au-dessus d'une taille UK 8 à être choisi en une décennie. Dans un autre moment historique pour le casting inclusif, le Vogue britannique a présenté Kortleve aux côtés des mannequins grande taille Paloma Elsesser et Precious Lee sur sa couverture d'avril 2023 avec le titre « The New Supers ».

Dix-huit mois plus tard, cependant, l'industrie de la mode a changé de cap, plusieurs initiés déplorant une nouvelle résistance à l'inclusivité.

« J'ai maintenant l'impression que certains créateurs haut de gamme considèrent les femmes rondes comme une mode plutôt que comme quelque chose de concret », a déclaré Shillinglaw, soulignant que la taille moyenne d'une robe en Grande-Bretagne est de 16.

Chanel a inclus des mannequins de taille moyenne et grande cette saison, mais d'autres marques de luxe ne l'ont pas fait. Au lieu de cela, ce sont les marques émergentes, dont Karoline Vitto à Londres et Ester Manas à Paris, qui ont pris en charge la diversité corporelle.

Chloe Rosolek, directrice de casting basée à Londres, a déclaré que l'élimination des corps de grande taille des grandes marques était déconcertante : « C'est tellement étrange de faire comme si tout un groupe de personnes n'existait pas. »

La minceur est de plus en plus répandue dans la culture populaire en raison de médicaments comme l'Ozempic, développé à l'origine pour traiter le diabète, qui sont utilisés pour perdre du poids par Hollywood et au-delà. Vogue Business le décrit comme « la glamourisation de la minceur ».

Alors que les célébrités et les influenceurs rétrécissent, même les mannequins de taille standard ressentent la pression de maintenir leurs poids ou de perdre quelques centimètres. « Il y a eu une diminution de la taille dans tous les domaines et cela inclut déjà les mannequins de taille standard », a déclaré Rosolek. « Beaucoup de mannequins qui étaient auparavant de grande taille sont désormais de taille moyenne. »

Kering, la société mère de marques telles que Gucci et Balenciaga, et LVMH, qui comprend Louis Vuitton et Dior, se sont associés en 2017 avec une charte pour protéger le bien-être des mannequins. Cela a entraîné l'interdiction des mannequins de taille zéro et de moins de 16 ans de leurs défilés.

Kering a relevé son âge minimum à 18 ans en 2019, mais ses principaux concurrents, dont LVMH, n'ont pas suivi le mouvement. Cette saison à Milan, Sunday Rose Kidman Urban, la fille de 16 ans de Nicole Kidman et Keith Urban, a ouvert le défilé Miu Miu, tandis que selon la base de données de mode Models.com, plusieurs mannequins de premier plan avaient moins de 21 ans et une taille zéro.

De nombreux mannequins sont naturellement minces et se retrouvent injustement stigmatisés pour leur minceur. Mais tout comme le corps « Balanchine » du ballet, l'industrie du mannequinat a la réputation de créer des idéaux irréalistes et malsains. Il y a encore beaucoup de mannequins ultra-minces et malades qui sont engagés.

Emily McGrail, un mannequin de 21 ans de Manchester, a partagé son expérience de travail à Milan, où elle a assisté à des castings pour des défilés notamment pour Prada, sur TikTok. Après n'avoir pas réussi à décrocher de travail, on lui a conseillé de perdre un centimètre au niveau des hanches. « J'ai regardé les autres mannequins et j'ai eu l'impression de ne pas mériter d'être là », a-t-elle déclaré au Guardian. « En comparaison, je me sentais « grosse ». Techniquement, pour ma taille et mon âge, je serais considérée comme en sous-poids, mais en regardant ces filles autour de moi, je me sentais grosse. »

James Scully, ancien directeur de casting, a déclaré : « Nous sommes revenus à la situation d'il y a 10 ans. Ces mannequins ont juste une fonction. Elles ne sont pas là pour apporter du caractère, de la joie ou vendre quoi que ce soit. Elles sont redevenues des cintres. »

Sujet: La visibilité des femmes de taille plus inexistante au Québec

Mon commentaire

Il y a un problème au Québec. Il n'y a pas une femme modèle, chanteuse ou comédienne de taille plus, reconnue comme icône de beauté.

L'année 2016 fut-elle l'apogée de la reconnaissance des modèles taille plus niveau l'international? Année où Ashley Graham, après son apparition dans la revue du Sport Illustrated swimsuit, était en demande partout. Elle était devenue une super-vedette, ce qui a mis en lumière la mode taille plus.

Depuis cette date, la reconnaissance des femmes rondes n'a cessé de diminuer. On n'en parle pratiquement plus dans les médias traditionnels. Au Québec, déjà en ce temps-là, on en parlait peu. Avec la baisse de l'intérêt à l'international pour les top modèles taille plus, celles du Québec sont complètement ignorées ou inexistantes dans la tête des journalistes.

Il n'y a jamais eu d'icône de beauté taille plus au Québec et, dans la situation actuelle, c'est encore moins possible que cela arrive. Que devons-nous faire? Attendre que les producteurs de télévision et de cinéma fassent quelque chose? Oui, dans la semaine des quatre jeudis, peut-être.

Les personnes sympathisantes à la cause des rondes doivent se mobiliser pour que celles-ci prennent la place qui leur revient sur la place publique.

C'est pour cette raison que j'ai créé la Fondation Belles Rondeurs, en 2006 dans le but d'augmenter la visibilité des femmes de taille plus dans les médias et la culture. Vu la situation, c'est d'autant plus pertinent et actuel de le faire.

Après presque 20 ans, mon idée de fondation n'a suscité aucun intérêt. Je n'ai pas réussi à former un conseil d'administration. J'ai fait plusieurs demandes et elles ont toutes restées lettre morte. Pire encore. Après 30 ans d'activisme, personne ne cherche à me contacter pour discuter de mon projet, sauf à deux occasions.

J'ai d'abord rencontré, à Montréal, une responsable du marketing chez Reitmans pour leurs magasins grande taille, Penningtons. Faute de moyens et de crédibilité, cela n'a pas été plus loin.

La deuxième fois fut avec Lyne Mongeau que j'ai rencontrée au restaurant Normandin sur le boulevard Charest à Québec, en 2004. Elle voulait savoir s'il y avait un rapprochement à faire entre nos deux approches. En fait de compte, non, elle luttait plus contre l'obésité et moi contre ceux qui parlent d'une épidémie d'obésité.

En réalité, aucune femme en accord avec ma mission n'a essayé de me contacter, que ce soit par courriel, Facebook ou en personne. Je suis complètement seul dans mon activisme. Je ne reçois aucun commentaire, positif ou négatif. Il doit bien y avoir quelques personnes qui suivent le contenu que je rajoute régulièrement, mais je n'ai aucun moyen de le savoir. Je me sens donc isolé.

Je commente la guerre contre l'obésité et le sucre. Je commente l'obsession de la minceur et la grossophobie, pour attirer l'intérêt sur ma réelle mission qui est plus réjouissante.

En effet, la mission de ma fondation est de soutenir la création artistique avec des femmes de taille plus, soit d'aider financièrement la réalisation de films, de séries télévisées, d'expositions de photos, de parades de mode, etc.

S'amuser, avoir du fun à diffuser des images de femmes rondes. Ne plus se placer en position de victime de la mode, voilà tout.

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