À ma soeur!
Journal Voir Québec du 30 au 5 septembre p.27 2001

Sujet:Un film haineux

On peut y lire :

Jeux interdits
Ilham Lamouri

Catherine Breillat renoue avec ses femmes libidineuses. Un dossier 1000 fois labouré, qu'elle s'applique à sillonner encore et encore comme pour révéler des angles enfouis. Connue comme le loup blanc en matière de cinéma féministe, Breillat a une réputation qui la précède et auréole son nom d'audace et d'insolence. Grâce au succès fort mérité de son précédent film, Romance, elle a rejoint le grand public. Une reconnaissance tardive, mais bienvenue. Car, depuis ses débuts, en 1976, sa démarche est des plus intègres, même si l'on a parfois l'impression qu'elle n'a réalisé qu'un seul et même film, décliné sur différents décors.

Après tout, l'enjeu est immuable, et l'intrigue, constamment braquée sur les frémissements de la femme hétérosexuelle en terrain intime. Qu'elle soit débutante ou bien rodée, elle vit toujours les mêmes conflits face à celui qui lui impose sa virilité et la froisse dans ses élans. En signant À ma soeur!, Breillat boucle une trilogie qui, avec Une vraie jeune fille (son premier film, et de loin le plus marquant de la trilogie, redécouvert tout récemment après 25 ans de censure) et 36 fillettes, explore les états d'âme des demoiselles au seuil de la défloration.

Les trois films se déroulent durant la période des grandes vacances, alors que les possibilités de rencontres qu'offre le temps à combler tirent parti de la clémence des lieux (campagne, camping, et, dans le tout dernier, chalet bourgeois en bord de mer). Cette fois, l'héroïne est double car, on ne saurait dire s'il s'agit d'Elena (Roxane Mesquida), l'aînée et exquise déesse à la recherche de la prime étreinte, ou de son encombrante soeur, Anaïs (Anaïs Reboux), qu'un corps rondelet semble condamner à la passivité.

De loin en loin, on voit venir le fameux dilemme entre le corps et l'esprit puisque la plus désirable sera victime de sa beauté, alors que la plus moche cheminera, sereine, assez souvent, tout au plus désabusée à l'occasion. Et dans ces cas, elle fredonne: "J'ai mis mon coeur à pourrir sur le bord de la fenêtre, les corbeaux viendront peut-être..."

Dans leurs intérieurs, les deux jeunes filles ont quartier libre. Et même une canne et un chien-guide n'ouvriraient pas davantage les yeux de leurs parents (Romain Goupil et Arsinée Khanjian) transpirant l'indifférence. Résultat: un beau charmeur (Libero de Rienzo) atterrit dans la chambre des pucelles et déflore la plus belle pendant que l'autre observe et prend note. À mesure que l'Italien comptera fleurette, Elena, pourtant si volontaire au départ, enfilera le costume de la victime.

La légèreté de l'intrigue qui s'accommode d'une mise en scène assez superficielle contraste toutefois avec une certaine prétention didactique ainsi qu'une lourdeur occasionnelle dans les dialogues. Bref, le traitement plutôt réaliste (d'inspiration sitcom, au dire de la cinéaste) a parfois du mal à encaisser le poids des thèses trop construites de Breillat. Mais ce qui achève de décevoir les plus conciliants est sans contredit le finale, d'une violence inouïe. Sans justification, elle fera faire un bond de deux pieds au pauvre spectateur ramolli dans son fauteuil par les péripéties des deux pucelles.

Vers le synopsis du film
"Le cinéma est comme le désir sexuel : c'est toujours la première fois" LE MONDE
Entretien avec Catherine Breillat, réalisatrice de A ma Soeur ! "Pendant la projection à Berlin
Biographie de Catherine Breillat
CULTURES. Catherine Breillat balaie les tabous.
Les grandes rencontres: Catherine Breillat
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Mon commentaire

Un bel exemple d'une conséquence du contexte anti-rondeurs féminines dans lequel nous vivons. Comme, c'est considéré un péché d'avoir des rondeurs, les femmes rondes ne méritent aucun respect. Nous réalisons bien ici, qu'il est vrai, qu'elles sont les exclues de la société. Les femmes rondes ne sont pas considérées comme des être humain à part entière, une sous classe d'être humain en quelque sorte. Donc, les gens se sentent parfaitement libres de les ridiculiser et de les mépriser.

C'est devenu un cliché de choisir une rondelette pour jouer le rôle de la moche malheureuse de l'être. À travers le culturel et les médias, les jeunes femmes rondelettes apprennent vite qu'elles sont moches. Ce genre de film, c'est une autre claque dans la figure qu'elles reçoivent. En effet, il vient renforcir l'idée qu'elles se font d'elles : "je suis laide et une pas bonne".

La jeune femme a deux choix, soit d'accepter d'être moche ou de tenter de perdre du poids. D'où le grand nombre d'adolescentes qui développent un désordre alimentaire.

Ce film encourage les jeunes femmes à haïr leurs rondeurs. Il les motive à s'enfoncer encore plus profondément dans leur désordre alimentaire. Il valide le comportement qu'elles ont de haïr leur corps. Quand tu es une fille, c'est correct de te haïr,. Le message sous entendu envoyé : "il n'y a aucune raison pourquoi tu pourrais, toi t'aimer, t'es une grosse.

Cette cinéaste se dit féministe en plus, "esssti". Que devons-nous penser de cette femme mince qui exprime sa haine envers les femmes rondes dans un film? À quoi sert le féministe au juste ?

Qui est sensible au bien-être des jeunes femmes dans notre société ? Qui va dénoncer ce film ? Qui va s'offusquer de ce film au fait qu'il est haineux envers les femmes rondes ? Qui se préoccupe des conséquences sur l'estime de soi et l'image corporelle des jeunes femmes ?

En contrepartie, quand un homosexuel se plaint des humoristes qui font des farces sur les gays, les médias en parlent et soulignent les conséquences sur les adolescents qui ont de la misère à accepter leur homosexualité. Mais ici, les conséquences sur les adolescentes qui ont de la misère à s'aimer leur corps, sont beaucoup plus graves. Parce ce que ce film n'est pas humoristique.

C'est donc un film absolument à ne pas aller voir.

Commentaire fait par José Breton


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La rondeur dans l'actualité des mois passés

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