Une entrevue d'Yves Cantin
À l'âge où la plupart des chanteuses lyriques québécoises
commencent à voir les engagements et les rôles se faire de
plus en plus rares, la soprano Martine Lachance décide de
tout abandonner et de tenter sa chance à l'opéra.
Martine
Tout abandonner alors qu'on est coutier d'assurances dans
l'entreprise familiale depuis plusieurs années et décider
d'aller au bout de sa passion, voire même de sa folie,
demande de la détermination et un sacré culot. Il faut dire
que Martine Lachance est née dans un milieu qui favorisait
l'amour de l'opéra, ce qui explique cette passion qui la
dévore depuis qu'elle est toute jeune. Ses parents, Marthe et
Jacques, ainsi que son oncle Roland ont tous tâté de
l'opéra dans leur jeunesse, chantant quelques fois dans les
chorales, comme choristes ou comme solistes. Et la jeune
Martine a grandi dans cette ambiance qui favorise l'éclosion
de plusieurs talents. De plus, au fil des ans, elle est
devenue une fanatique de la soprano australienne Joan
Sutherland.
Martine a vite découvert son potentiel, la puissance de sa
voix et l'effet qu'elle produisait sur celles et ceux qui
l'écoutaient chanter. Il y a cinq ans, elle se décide à
tout abandonner, désireuse de ne pas devoir regretter de ne
pas avoir tout essayé, la cinquantaine venue. à ce sujet,
elle est reconnaissante envers ses parents de l'avoir soutenue
et de continuer à le faire dans cette aventure qui,
l'espère-t-elle, la conduira vers la réalisation de son
rêve.
La soprano décidé de s'en remettre à madame Cécile
Bédard qui habite Québec et qui jouit d'une grande
réputation comme professeure de chant au Québec. De plus,
dès ses débuts elle est conseillée par des vedettes
internationales telles Virginia
Zeani, Licia Albanese et
Mignon Dunn. Entre-temps, elle participe à la Messe des
artistes à quelques occasions, donne quelques récitals pour
le Club culturel de Québec et pour le Théâtre Lyrique du
Nord, elle se rend à l'institut international de l'art vocal
à Puerto Rico, et elle assiste à des classes de maître à
Montréal et en Italie. En 2006, Martine Lachance est
finaliste au Concours de la Fondation Gerda Lissner de New
York et au Concours international Altamura / Enrico Caruso de
New York. Elle a aussi auditionné pour les deux compagnies
d'opéra québécoise, à Québec et à Montréal, mais les
résultats se font attendre. dans quelques jours, l'artiste se
rendra à New York afin d'auditionner pour les directeurs de
plusieurs maisons d'opéra et de festival.
Toutefois, grâce aux prix remportés à l'occasion de sa
participation aux deux concours new-yorkais, l'avenir
s'annonce prometteur pour la chanteuse.
Martine décide de tout abandonner!
En juillet prochain, elle chantera le rôle de Santuzza de
l'opéra Cavalleria rusticana de Mascagni à l'Altanura Center
for Performing arts de New York. Par la suite elle se
rendra en Italie où elle participera au festival de «
Bach à Bartok » à Bologne. Habituellement réservé aux
pianistes, ce festival accueille depuis deux ans des chanteurs
d'opéra. C'est dans ce cadre que Martine Lachance participera
à l'événement et y chantera des airs d'opéras de Verdi :
La Forza del destino, Don Carlo, Un ballo in maschera et Manon
Lescaut de Puccini. Enfin, à la mi-septembre elle participera
à un marathon Puccini qui aura lieu à New-York, consacré
aux « Dames de Puccini » auquel participeront plusieurs
chanteuses. à cette occasion la soprano chantera trois airs tirés
des opéras Manon Lescaut et Tosca.
Bien que cette vocation soit tardive, Martine Lachance peut
compter sur sa détermination et sur son timbre de voix de
soprano spinto, rare au Québec. Encore faut-il qu'on lui
donne la chance de le faire valoir sans qu'elle ait à se
faire reconnaître à l'étranger avant que nos maisons
d'opéra l'engagent au Québec. Et si pour une fois, cette
carrière débutait ici!
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