La revue de la femme qui se sent bien dans sa
peau
Volume 4, Numéro 4, février 2000
Réflexion d'une jeune femme ronde sur sa condition en rapport avec la vie
amoureuse
TÉMOIGNAGE Marie-Sophie a écrit le 14 janvier, 2000Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. J'ai 24 ans et tout pour être heureuse. Je suis en santé, j'ai de solides et belles amitiés, une famille loin de la perfection mais, où je trouve la sécurité et l'amour, un milieu de vie agréable, etc. J'ai voyagé beaucoup, étudié ce que j'aimais, rencontré des gens fantastiques, etc. Oui, j'ai tout pour moi sauf une chose qui me manque éperdument: l'affection, l'amour d'un homme.J'ai 24 ans, je suis célibataire depuis toujours et j'ai l'impression que je vais le demeurer jusqu'à la fin de mes jours. Pourquoi? Parce que je ne suis pas l'image que je voudrais être. Je n'ai pas ce joli corps délicat, mince et parfait que nous voyons partout. Je suis grosse, j'ai toujours été grosse et je sais que je serai grosse jusqu'à la fin de mes jours et ce, malgré tous les efforts (sains et logiques) que je fais pour me rapprocher de ce modèle. Ce n'est pas que je sois laide, loin de là, je suis même mignonne et j'ose dire belle. Oui je suis belle, je le sais et je me permets de l'écrire ici mais, je suis grosse et ça, les hommes ça les éloigne, les rebute, les repousse, les détourne, les dégoûte. Je mesure 1m68 (5'6" 1/2), je pèse 93 kg (204 lbs) et j'ai l'impression que jamais je ne pourrai être attirante aux yeux d'un homme. Je sais que c'est totalement faux, que c'est un raisonnement injustifié et mensongé mais, c'est le sentiment qui m'habite. Je n'arrive pas à m'enlever ça de la tête malgré le fait que je sache que ce soit erroné. J'ai déjà été encore plus grosse et c'est suite à une perte de poids importante (36 kg-80 lbs), sur une longue période de temps (3 ans), que j'ai constaté, à quelques occasions, que les hommes me regardent et ça c'est touchant, émouvant. C'est une joie que je ne peux pas expliquer. C'est un geste plein de délicatesse qui me fait vibrer. Oui, j'ai déjà ressenti ce regard, cette petite flamme dans leurs yeux, ce désir que je voudrais tant connaître au moins une fois dans ma vie. Je brûle de connaître cette intimité, ce partage profond avec quelqu'un. J'ai envie de proximité, de toucher, de contact, de baisers, de caresses, d'échange, etc. Mais, l'affection, la tendresse, la douceur et l'amour (pas seulement le sexe) je sens que c'est hors de ma portée. Pourquoi? À cause de mille raisons bêtes et stupides. Je sais que je ne serai pas à la hauteur d'attentes qu'un homme peut avoir. Je n'ai pas ce physique gracile et menu. Mon corps, il a fait la guerre avec lui-même (et ce combat et loin d'être terminé) et il en porte toujours les traces, les marques, les cicatrices. Il n'est pas comme ces photos si parfaites, inspirantes et invitantes qui nous entourent. J'ai peur de décevoir avec ce ventre, ces cuisses, ces fesses, ces bras qui une fois dévêtus sont comme ils sont, beaucoup plus... généreux et moelleux que ce que nous jugeons habituellement comme beaux et désirable. J'ai peur de me sentir ridicule, affreuse, désagréable, horrible, moche et monstrueuse. Aucun homme ne m'a jamais vraiment dit par amour que j'étais belle, attirante pour lui. Je me meure d'entendre ces paroles un jour mais je doute que cela se produise dans un futur immédiat et même lointain. Je sais que l'amour c'est plus qu'une image, en fait l'amour c'est tout sauf une image ou un corps. Alors pourquoi les hommes agissent comme ils le font avec nous et pourquoi les femmes se laissent-elles prendre dans cette idéologie complètement folle que nous propose (impose) le monde médiatique et celui de la mode? Pourquoi et comment, moi, une jeune femme lucide, instruite, intelligente, ouverte, éclairée et perspicace en arrive à croire à toutes ces idioties? Pourquoi est-ce que je ne serais pas en mesure de vivre une belle relation épanouissante et pleine de tendresse pour la simple raison que l'aiguille de mon pèse personne n'indique pas 120 lbs? En quoi le fait de ne pas correspondre à l'image véhiculée par les médias me rendrait incapable d'aimer et d'être aimer en retour? Je sais que le bonheur n'est pas inversement proportionnel au tour de taille. Je sais que je possède de belles qualités, que je suis sociable, intéressante, amusante, chaleureuse et je me sens bien avec moi-même, avec ma personnalité. Mes ami(e)s me le disent et me le confirment. Alors pourquoi est-ce que j'ai le sentiment profond que la virginité et le célibat vont me suivre toute ma vie? Je n'en ai aucune idée. Je ne trouve aucun raisonnement logique pour m'expliquer tout ça. Je suis totalement dépassée par cette situation. Nous sommes les seuls responsables de notre bonheur et je ne peux pas dire que je sois malheureuse, bien au contraire. Je suis seulement à la recherche de ce petit quelque chose de plus qui ajouterait encore plus de lumière à ma vie, un peu plus de musique à mon âme. Mon coeur est libre, et personne ne semble en vouloir. Je n'intéresse pas les hommes. Et la seule raison que je vois pour m'expliquer ce fait, c'est mon corps. Ce corps que je voudrais tellement transformer, changer, et dont je voudrais parfois même me débarrasser. Si on me promettait un physique plus mince, pas maigre, mais plus mince que celui que j'ai actuellement, disons atteindre 68 kg (150 lbs) pour le reste de mes jours et bien je serais prête à donner 5 ans de ma vie en échange. J'en suis arrivée là. Lire les textes de ce site internet me remonte le moral parfois et à d'autre moment me désole encore plus. Comment est-il possible que la société soit si méchante, intolérante, destructrice et menteuse face à elle-même? L'être humain est à la fois ce qui a de plus merveilleux, bon, terrible et cruel sur cette planète. Nous sommes des paradoxes extraordinaires et terrifiants à la fois. Nous nous jugeons trop sévèrement et durement. Parfois, c'est à ce demander si nous avons vraiment un coeur. C'est déconcertant de voir tout le mépris, l'arrogance, l'aversion et la mesquinerie dont font preuve certaines personnes. Les mensonges et les illusions dont on se berce parfois sont, selon moi, tout aussi ravageurs et dévastateurs que cette haine et cette violence insidieuses qui nous habitent tous et toutes. Nous avons encore bien du chemin à parcourir avant d'atteindre l'harmonie à laquelle nous aspirons. Tous ce que je souhaite maintenant, c'est que nous y arrivions un jour en ayant fait preuve de respect pour le monde qui nous entoure. Merci d'avoir créer ce site Vers le courriel de Marie-Sophie
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