Parue dans la revue Châtelaine de juin 2008 page 107
Qu'est-ce qui vous passionne en ce moment ? Pour moi, la passion implique des flammes avec du feu tout autour. J'aime beaucoup mon métier, mais je ne suis pas sûre d'être passionnée par lui, Toute ma passion est dirigée vers mes enfants. Qu'elle est la facette de ton travail qui vous intéresse le moins ? Apprendre les textes. Heureusement, ma mémoire me permet de le faire assez rapidement. Mais bien des fois, j'attends à la dernière minute avant de les mémoriser : un jour, ça va me jouer des tours! Un trou de mémoire à la télé, ce n'est pas si grave, on coupe puis on recommence. Mais sur scène ! On veut mourir... Ce «trou» qui dure une fraction de seconde en temps réel me paraît de seconde en temps réel me paraît comme cinq minutes. De qui êtes-vous le plus proche dans votre famille ? De toute ma famille ? Ma mère, ma soeur, mon père. Chacun a sa façon de voir la vie et m'apporte quelque chose de différent. Quelle qualité essentielle voulez-vous retrouver chez vos amis ? L'humour. Quand une conservation dérape, qu'il y a une malaise, de la tristesse, qu'il y a de la colère, l'humour vient à bout de tout. ceux qui me connaissent savent que si j'ai de la peine ils n'ont qu'à me raconter une blague et c'est une baguette magique. Qu'est-ce qui vous motive dans la vie ? Mes enfants. Je gagne ma vie pour pouvoir leur faire vivre de belles expériences, leur faire connaître plein de choses, leur acheter des livres. Quels souvenirs avez-vous de votre premier amour ? Pas très bon. J'avais 20 ans et je me suis vite rendu compte que l'amour à sens unique existait, qu'on pouvait aimer follement... Et ne pas être aimée en retour. J'essayais de comprendre comment on pouvait aller vers une personne, la séduire, et repartir après. Ça a été ma première désillusion. Quels furent les évènements les plus marquants de votre enfance ? Toute mon enfance a été extraordinaire. Dans ce temps-là, on jouait dehors. Personne n'avait peur. Aucun parent ne sortait dehors pour nous surveiller. À cette époque, on nous laissait être des enfants. Chez ma grand mère Rose-Hélène, à Lac-Mégantic, on se déguisait et faisait des petits spectacles devant mes oncles et mes tantes. Le meilleure conseil qu'on vous ait donné ? J'avais fini le Conservatoire depuis quelques mois. Mes professeurs m'avaient dit de ne pas maigrir, que peu de comédiennes avaient un physique comme le mien, que j'allais avoir de beaux rôles . Mais je n'avais pas vraiment d'auditions. Je me suis mise à douter de mon talent. Alors le comédienne Hugo Dubé m'a dit: «Sonia, il ne faut jamais que tu doutes de ton talent. On peut ne pas te choisir parce que ton physique ne correspond pas au rôle, mais ne doute jamais de ton talent. » J'avais 24 ans. J'en ai aujourd'hui 42, et je me répète encore cette phrase. Qu'est-ce qui vous fait vraiment peur ? Le pouvoir. Le pouvoir qui rend les hommes cupides, avides, malsains, méchants. Le pouvoir qui manipule la foi des hommes pour en faire des martyrs. Le pouvoir entre les mains d'hommes qui ont peu d'intelligence. Quelle est votre définition du bonheur ? Chaque petite chose de la vie peut être le bonheur. Ça peut être une fleur, quelqu'un qui me fait un compliment, un sourire. Le bonheur, c'est fragile, il faut l'entretenir. Votre film culte ? Le secret est dans la sauce (Fried Green Tomatoes). Un film où l'amitié est si forte, où la solidarité est tellement présente. Je suis toujours touchée par ce genre de démonstration. Qu'est-ce qui impressionne ? Les gens qui s'investissent dans des causes humanitaires. Je suis déjà allée chanter au Téléthon Enfant Soleil, mais je pleurais tout le temps. Je serais incapables d'aller à l'hôpital. Ils n'ont pas besoin d'une adulte qui vient verser de grosses larmes devant eux. Pensez-vous parfois à la mort ? À la vieillesse ? Oui, je pense à la mort, et même intensément quand je pars en voyage. Je suis bouleversée à l'idée que mes enfants puissent se retrouver sans maman, que je ne sois pas là pour les consoler, leur dire que tout ira bien. Bon, j'arrête, je pleure maintenant! Qu'est-ce qui vous ennuie profondément ? Les chiffres. Les déclarations d'impôt, l'hypothèque, les placements, je ne comprends rien et ça m'ennuie. Qu'est-ce qui vous met en colère ? L'incompétence, l'arrogance, la condescendance. Et surtout les incompétents qui occupent des postes importants. Le don que vous voudriez posséder ? Celui de guérir les gens. Quelle est, le selon-vous, la plus grande injustice de la vie ? Les enfants malades. Tous les jours, je remercie la vie d'avoir des enfants en santé. Avez-vous des auteurs préférés ? Un livre qui vous a inspirée, transportée ? Le seigneur des anneaux. Quand je l'ai lu, je venais de finir le Conservatoire. J'avais quitté Montréal parce que je trouvais alors que trop de gens dans ce métier ne pensaient qu'à se faire voir des metteurs en scène et autres personnes importantes. J'étais retournée à Magos chez mes parents. J'avais besoin de me faire une bulle. Le Seigneur des anneaux, c'est une saga, la lutte du bien contre le mal et le monde fantaisiste des hobbits, des arbres qui parlent, des elfes, des nains. Je me sentais bien dans ce monde imaginaire. La personne que vous auriez aimé rencontrer ? Le pape Jean-Paul II. J'aurais aimé m'asseoir avec lui dans un des jardins du Vatican et lui demander entre autres pourquoi il acceptait de vivre dans un endroit aussi luxueux et pourquoi il était contre l'avortement. Quelle est votre devise ? «L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.» Le matin, c'est le moment de la journée que j'aime le plus. L'été, juste avant que le soleil se lève, les oiseaux se parlent, on dirait qu'ils se disent ce qu'ils vont faire dans la journée. Êtes-vous devenue sage ? Non, si sage veut dire raisonnable. Mais, être sage, c'est peut-être savoir reconnaître qu'on n'est pas raisonnable ! Qu'allez-vous faire dans les temps qui viennent ? Je me prépare à enregistrer la deuxième saison de destinées (TVA). En juillet, ce seront les vacances: j'aimerais louer un Winnebago et partir avec les enfants en Gaspésie et au Nouveau-Brunswick.
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