je vais faire une manifestation avec la même pancarte du temps. Sur cette pancarte il est écrit « Claudia Schiffer est monstrueusement laide ».
Claudia Schiffer était vue par les médias comme ayant la réputation d'être la plus belle femme du monde. Les propriétaires des Galeries de la Capitale ont pensé de faire un événement avec une femme dont le seul intérêt était d'être considéré comme une belle femme.
J'avais manifesté pour exprimer l'absurdité de la situation. Claudia Schiffer était venue se pavaner pour démontrer aux citoyennes de la ville de Québec à quel point elles sont laides par rapport à elle.
D'y avoir donné 300 000 dollars, à ce mannequin vedette, a symboliquement solidifié le préjugé que seul les femmes minces peuvent être considérées comme belles.
La question se pose:
Ce préjugé s'est-il atténué au cours des 20 dernières années au Québec ?
Est-ce que les médias traditionnels donnent de la visibilité à des femmes rondes reconnues pour leur beauté ?
Est-ce qu'il y a un plus grand nombre de femmes qui pensent que la beauté n'est pas réservée qu'aux minces ?
Est-ce qu'il y a moins de femmes obsédées par la minceur ?
Est-ce que l'industrie de l'amaigrissant fait moins d'argent au Québec ?
Est-ce que la beauté féminine est toujours un tabou ?
Est-ce que la grossophobie est reconnue politiquement ?
La réponse est non à toutes ces questions.
Par conséquent, je dois dire qu'il n'y a pas grand-chose qui a évolué au Québec francophone. En effet, chez les anglophones beaucoup d'entre elles ont adopté le mouvement d'affirmation des femmes de taille plus ou le body positive.
Au cours des 20 dernières années les choses ont évolué en dehors du Québec. Les mannequins tailles plus font partie de la culture anglophone. Elles sont des vedettes reconnues et appréciées. Exemples: Ashley Graham, la plus célèbre, a fait la couverture du spécial maillots du sports illustrated en 2016, elle a été invitée aux Oscars, etc.
Les mannequins tailles plus, au Québec, sont pratiquement complètement ignorées et aux mieux vus comme de simples curiosités sans importance. Pourquoi en est-il ainsi ?
J'explique cela par un contexte d'isolement culturel. Au Québec, les français tentent de se protéger de l'invasion anglophone. On a ici une mentalité de village, on se sert les coudes. En d'autres mots, nous vivons dans une société grise, personne n'ose penser différemment. Il y a une rectitude politique très forte.
Ce sont les gardiens de la bonne pensée qui bloquent l'avancement des femmes de taille plus au Québec. Ces gardiens font tous partie d'organismes gouvernementaux. Tout ce que dit l'État est une vérité incontestable, paraît-il.
Les deux coupables sont les intégristes anti-obésité et les féministes qui ont réussi à obtenir la sanction étatique.
Ainsi, le fonds pour la promotion des saines habitudes de vie a monopolisé, pendant 10 ans, l'espace public avec la lutte contre l'obésité. Cela a contribué à culpabiliser les femmes à cause de leur embonpoint. Ces promoteurs ont propagé la croyance qu'il faut être absolument mince pour être considéré comme en santé.
L'autre coupable ce sont les féministes avec le conseil du statut de la femme. Un féministe qui se centre sur l'égalité économique et politique avec les hommes. Des féministes puritaines qui voient les questions de beauté comme une soumission aux hommes.
Comme le mouvement d'affirmation des femmes de taille plus concerne la beauté et la séduction elles bloquent, elles font obstruction.
En résumé, si l'État pense que c'est grave l'obésité toutes les femmes se doivent de penser la même chose.
Si l'État pense que la beauté est une soumission aux hommes toutes les femmes se doivent de penser la même chose.
À cette rectitude politique se rajoute le monde culturel et télévisuel qui nous imposent un seul modèle de beauté qui est encore associé à la minceur, même s'ils ont signé la charte pour une image saine et diversité en 2009.
Finalement, il y a la grossophobie galopante non dénoncée.
Ce qui fait que les femmes sont soumises une pression à cause du contexte culturel d'intolérance qui les paralyse par la honte. Ainsi, il y a très très peu de femmes rondes qui osent aller sur la place publique pour affirmer qu'elles se trouvent belles avec ses rondeurs.
Même celles qui osent le faire se font fermer la porte par les médias traditionnels. Il y a eu juste Joby Bach qui a réussi à obtenir une entrevue à la télévision à l'émission de Denis Lévesque dernièrement.
Les médias refusent de faire d'un mannequin taille plus québécoise, même si elle fait une carrière internationale, une vedette. Joby Bach après son passage à Denis Lévesque aurait dû être invité sur tous les plateaux de télévision, faire des caméos dans des téléromans ou télé-séries, etc.
Le cas le plus évident de discrimination est Justine LeGault un top modèle taille plus du Québec. Malgré qu'elle a un succès qui se rapproche de celle Ashley Graham, à part avoir fait la première page de la revue Elle Québec, elle n'a jamais été invitée à passer à l'émission du genre « Tout le monde en parle » à Radio-Canada.
Ceci est un autre exemple où les médias refusent de faire d'une top modèle taille plus québécoise une vedette. Cela aurait été pourtant un moyen de diversifier les modèles de beauté ici dans ce pays rétrograde.
La province de Québec est territoire complètement fermé à la nouveauté. On refuse d'évoluer ici.
Pour tenter de faire bouger les choses, je vais tenter de partir d'un mouvement d'affirmation sur page Facebook avec le hashtag « Moi aussi Je suis belle » #MoiAussiJeSuisBelle.
En d'autres mots, Moi aussi Je suis belle pas seulement Claudia Schiffer.
Liens
Manifestation pour dénoncer le rôle symbolique qu'a Claudia Schiffer
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