Les filles de 15-20 ans, une «génération
formatée maigreur»
Journal de Québec 19 septembre 2006 page 35
Sujet: La minceur maladie
On peut y lire :
Paris
Les filles de 15 à 20 ans dans les sociétés
occidentales ne disposent que d'une image formatée de l'idéal féminin,
celle des mannequins filiformes des magazines qu'elles veulent imiter au
mépris de leur intégrité physique et psychique, déplorent les spécialistes.
«C'est une génération formatée maigreur», lance l'endocrinologue
Annie Lacuisse-Chabot, interrogée par l'AFP. «La population jeune
d'aujourd'hui n'a vu que des maigres à la une des magazines, sur les
affiches à l'arrêt des bus, dans le métro», ajoute-t-elle, se félicitant
de l'interdiction de défilé formulée à Madrid à l'encontre de
mannequins trop maigres.
Pour participer au grand rendez-vous de la mode madrilène, la Pasarela
Cibeles, qui débute lundi, les mannequins ont dû se soumettre au
verdict de la balance : en dessous d'un certain rapport taille-poids (56
kilos pour 1m75, soit un «indice de masse corporelle» de 18), elles
ont été exclues.
Cette initiative va dans le sens d'une pratique observée
par le magazine Elle, qui a cessé voici deux ans de publier en
Une des photos de mannequins maigres, appliquant lui aussi l'échelle définie
par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les maigres sains existent : dans nos sociétés, 5% de la population
sont des «maigres physiologiques», qui ont hérité ces traits de
leurs ancêtres et mangent normalement.
Mais «les autres sont en sous-alimentation», souligne le Dr
Lacuisse-Chabot. Ce qui entraîne des carences alimentaires, notamment
protéiques, donc des fatigues, des troubles des règles, des troubles
de la fertilité.
Mais ces carences créent aussi des problèmes psychiques : moindre résistance
au stress, dépressions, troubles du comportement alimentaire pouvant
aller jusqu'à l'anorexie, puis au suicide...
Sous-alimentée, la personne subsiste aux dépens de ses propres tissus,
consommant les réserves graisseuses, puis la masse musculaire,
jusqu'aux viscères.
Depuis une vingtaine d'années, des jeunes filles et jeunes femmes à la
silhouette parfaitement normale - soit un indice de masse corporelle
compris entre 18,5 et 25 - se sont mises à consulter les médecins
nutritionnistes pour maigrir.
Mais ce phénomène, anecdotique dans les années 1980, est devenu «un
phénomène de société» et touche des filles de plus en plus jeunes,
constataient en 2003 des spécialistes réunis à Paris pour un colloque
intitulé «Corps de femmes sous influence». Cernées par des corps de
plus en plus exposés, de plus en plus maigres, les femmes se voient
systématiquement plus grosses qu'elles ne sont, montrait une étude
publiée à cette occasion.
Au début des années 1980, les numéros d'hiver des magazines féminins
faisaient leur une sur des filles déjà très minces, mais enveloppées
dans des manteaux et des bonnets, selon cette étude menée à
l'Institut de sciences politiques à Paris. Depuis 1985, les mannequins
sont dénudés, quelle que soit la saison.
Les étudiantes, elles, se voyaient «minces» quand elles étaient
maigres ou «normales» quand elles étaient minces, 49% se trouvant «trop
grosses» alors que 97% étaient médicalement normales.
«Dans nos sociétés occidentales, nous sommes passés d'une angoisse
latente, profonde, millénaire, du manque de nourriture, de peur de la
famine, qui valorisait le corps enveloppé d'une graisse rassurante, à
un modèle idéal de la presque maigreur alors que jamais nous n'avons
eu autant et aussi sûrement à manger», relève l'anthropologue Annie
Hubert, directrice de recherche au CNRS.
Face aux pathologies graves liées à l'obésité, «le discours médical
recommande une régulation de la consommation alimentaire»,
ajoute-t-elle dans un article publié sur le site du Groupe de réflexion
sur l'obésité, le surpoids et la minceur.
Mon commentaire
La montée du radicalisme anti-obésité est associée
à la montée de l'obsession de la minceur chez les femmes. La lutte
anti-obésité prône la santé par la perte de poids. Les intégristes
anti-obésité/malbouffe entraînent les femmes à avoir le contrôle
sur son alimentation. Ils enseignent aux femmes à avoir peur de la
nourriture, celle-ci étant toujours trop grasse ou trop
sucrée. Les
femmes doivent lire les étiquettes sur les emballages des aliments et
absolument éviter la malbouffe, etc.
Les intégristes anti-obésité se donnent une image de
messagers de la saine alimentions pour l'obtention d'une parfaite
santé. À force des entendre, les femmes ont fini par penser, à tort,
que de se priver de manger, c'est la santé. Ils ont changé le trio de
recommandations pour être en bonne santé : « bien dormir, faire de
l'exercice physique et bien manger» par « bien dormir, faire de
l'exercice physique et se priver de manger».
Les intégristes anti-obésité ont fait des pressions,
pour changer le guide alimentaire canadien qui recommandait avant des
portions minimums des 4 groupes des aliments par des portions maximums
afin d'encourager les femmes à moins manger. Par conséquent, il ne
faut pas s'étonner de voir une épidémie des désordres alimentaires.
À la lumière de cette étude, nous pouvons affirmer
que les pressions des intégristes anti-obésité nuisent grandement à
la santé des femmes. Alors, de toute évidence nous pouvons affirmer
que les rondeurs, c'est la santé. Nous pouvons affirmer que manger avec
appétit et plaisir, c'est la santé. Nous pouvons affirmer que faire la
promotion de la beauté des rondeurs féminines aide les femmes à être
en santé. Nous pouvons affirmer que l'association minceur, beauté,
santé empoisonne la vie des femmes.
Commentaire fait par José Breton
Complément d'informations :
L'histoire
Les
filles de 15-20 ans, une «génération formatée maigreur»
Sommes-nous
trop gros ? Trop maigres ?
Le
nouveau Guide alimentaire canadien, qui devrait voir le jour vers la fin
de 2006 ou le début de 2007, présentera un menu plus consistant, mais
allégé en termes de quantités.
L´Espagne
dit non aux mannequins trop maigres
La santé mentale
Le contrecoup du discours anti-obésité
LES RONDEURS ET LA SANTÉ MENTALE
Les sujets
précédents :
L'obésité, une pandémie qui exige de repenser les
politiques agricoles
La
rondeur dans l'actualité des mois passés
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