L'anorexie aurait des causes génétiques
Journal de Québec du vendredi 17 mars 2006 page 4

Sujet: Déresponsabilisation 

On peut y lire:

CHARLOTTE, Caroline du Nord (AP) -- Des chercheurs américains et suédois étudiant l'anorexie chez les jumeaux concluent qu'à plus de 50% cette pathologie pouvant s'avérer fatale a une base génétique, même si des facteurs "environnementaux", familiaux en particulier, interviennent aussi.

Leurs travaux sont publiés dans le numéro de mars des Archives de psychiatrie générale.

La plupart des experts pensaient déjà que la composante génétique était présente dans l'apparition de ce trouble qui touche essentiellement le sexe féminin. La nouvelle étude "ne fait qu'étayer le fait que ces troubles ont un support biologique", explique Cynthia Bulik, première auteure de la publication. (Elle est mince)

Cette psychiatre à l'école de santé publique de l'Université Chapel Hill de Caroline du Nord ne mâche pas ses mots: "Les patients se sentent coupables, on leur dit des choses comme 'vous n'avez qu'à manger', les parents sont montrés du doigt, les compagnies d'assurance ne veulent pas prendre en charge les traitements, considérant qu'ils s'agit d'un choix délibéré de la part des malades... Tout ça nous a retardé pendant des décennies."

Les gens qui souffrent d'anorexie ont un trouble de l'image corporelle et refusent de se maintenir à un poids minimal acceptable. Ils sont vraiment épouvantés à l'idée de prendre du poids. Selon le Dr Cynthia Bulik, les anorexiques ont environ dix fois plus de risques de mourir au cours d'une période donnée que leurs pairs du même âge.

La rareté de l'anorexie, à peine plus d'un cas pour 100 chez les femmes et encore moins chez les hommes, rend difficile le recrutement d'échantillons conséquents de patients pour réaliser des études à leur sujet.

Celle réalisée par des chercheurs de l'Université de Caroline du nord et de l'Institut Karolinska de Stockholm a eu pour base un registre suédois de 31.406 jumeaux, des vrais et des "faux" -issus d'un seul ovule dans le premier cas, de deux oeufs dans le second-et nés entre 1935 et 1958.

L'anorexie était plus souvent retrouvée chez les vrais jumeaux, et l'analyse statistique a conduit les scientifiques à conclure que 56% de la faculté à développer ce trouble était d'origine génétique, les facteurs environnementaux déterminant le reste.

Toutefois, la prédisposition génétique ne suffit pas à développer la maladie. Beaucoup de personnes qui en sont porteurs ne sont jamais anorexiques.

"Une personne peut avoir une prédisposition génétique à développer une anorexie mentale mais elle peut aussi avoir hérité, d'un parent différent, des gènes qui l'empêchent de la développer", explique-t-elle. Sans compter l'environnement, notamment familial, de la personne, qui peut contribuer ou non à l'apparition de la maladie.

Un avis que partage Michael Strober, psychologue clinicien à l'Université de Californie de Los Angeles, et directeur de la "Revue internationale des troubles alimentaires" ("International Journal of Eating Disorders"). Selon lui, "l'opinion actuelle dans cette discipline est que les facteurs génétiques jouent un rôle dans la propension à l'anorexia nervosa".

L'étude souligne aussi l'existence d'un lien significatif entre l'anorexie et une névrose infantile que Cynthia Bulik décrit comme une tendance à l'anxiété et à la dépression, et à des réactions émotionnelles excessives.

Mon commentaire

L'explication génétique de l'origine de l'anorexie est un courant de pensée qui cherche à enlever toute responsabilité sur la société, la mode, l'entourage social, les parents et les médias. Les personnes qui cherchent une explication génétique à l'anorexie ont sûrement aussi des positions extrémistes contre l'obésité/malbouffe.  

Avancer cette idée constitue un danger pour les jeunes femmes qui vivent cette problématique. Comme la principale difficulté avec les anorexiques, c'est qu'elles refusent d'admettre leur problème.  « Elles n'ont aucun problème, qu'on les laisse tranquille », nous disent-elles. L'explication génétique vient leur donner un argument massue pour les enfoncer plus profondément dans leur maladie. «Je n'y peux rien, je suis fait ainsi. C'est génétique laissez- moi tranquille, je n'ai pas besoin d'aide » nous diront-elles.

C'est apocalyptique de penser que le refus de manger proviendrait d'un gène anorexigène. Si ce gène deviendrait qu'à être dominant un jour, les êtres humains se laisseront tous mourir de faim. Le gène qui mettra fin à l'humanité. C'est complètement absurde.

Il faut être ignorant et déranger mentalement de penser que l'anorexie aurait une origine génétique. Car cela va contre le principe biologique de l'homéostasie. La théorie de l'évolution des espèces  est basée sur la capacité de survive. Par conséquent, on est génétiquement programmé à tout faire pour survivre. Les personnes qui développent un comportement qui met leur vie en danger, comme dans le cas de l'anorexie, luttent contre leur pulsion de vie. 

Si l'anorexie est génétique. Par décantation des idées reçues, nous pouvons continuer à mettre de la pression sur les femmes pour qu'elles essaient de perdre du poids et continuer à élever la minceur comme critère suprême de beauté chez la femme. Car cela ne cause pas de tort aux femmes. Une manière de se disculper de toute responsabilité. 

L'anorexie est une forme de névrose obsessionnelle. En effet, l'anorexie n'est pas une maladie en elle-même. Elle est une des expressions que peut prendre un trouble anxieux. Dans cette famille de troubles anxieux on retrouve tous les comportements compulsifs comme le sexe,  le magasinage ou le jeu compulsif. Si on disait que le jeu compulsif serait génétique. Loto-Québec pourrait s'en laver les mains des joueurs pathologiques. Il utiliserait cet argument pour se déresponsabiliser et ne rien faire pour venir en aide aux gens qui sont au prise avec ça.

Puis, à part de cela leur étude statistique est bidon. Pour être valable, leur recherche aurait dû tenir compte du contexte culturel. Ainsi, la seule manière fidèle pour mesurer l'importance du facteur génétique, aurait été de prendre des jumelles identiques élevées dans des cultures différentes. Une qui aurait grandi en Amérique du Nord et l'autre au Mali, par exemple. Cela aurait sûrement démontré que l'environnement culturel est responsable à 99% des cas d'anorexie. 

L'autre point à tenir compte, c'est que le comportement anorexique suit un continuum. Dans cette recherche ont-ils considéré seulement celles qui ont atteint un stade avancé? Où commence l'anorexie, où cela se termine ? Faut-il être en danger de mort immédiat pour être considère comme anorexique? C'est vrai que, c'est un faible pourcentage de jeunes femmes qui se rendent aussi loin dans la maladie. Mais, il y a un plus nombre de femmes qui souffrent d'un désordre alimentaire. Le désordre alimentaire commence aussitôt qu'une femme se lance dans les diètes et les restrictions alimentaires. Aussitôt, qu'elle arrête de retirer du plaisir à manger. Les restrictions alimentaires dégénèrent vers l'anorexie sévère pour les plus fragiles d'entre elles.

Commentaire fait par José Breton

Informations supplémentaires

L'histoire:

Anorexie: une prédisposition génétique dans 56% des cas

A genetic link to anorexia

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Responsabilité des cas d'anorexie

Voyage au coeur de l’anorexie

Genetic determinism takes such thinking to a logical extreme: It's not her fault; it's in her genes.

Anorexia genetic? 

Battling Anorexia: The Story of Karen Carpenter

Autres

Ni boulimiques Ni anorexiques, mais... 

Les jumeaux nous permettent plutôt de départager la part de la génétique et celle de l’environnement dans le comportement.»

La genèse de sa thèse réside dans ses célèbres études sur des jumeaux homozygotes – séparés à la naissance

Anorexia often begins with a diet or an intent to shape up physically.

Le contrecoup du discours anti-obésité  

L'aspect culturel

The prevalence of eating disorders in non-Western countries is lower than that of the Western countries but appears to be increasing.

This is surprising due to the low prevalence of anorexia and the higher rate of obesity in African-American women


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