La dictature de la charité
Journal le devoir, samedi 23 mai 2009 p.1

Fondation lucie et andré chagnon

Sujet: Je l'avais bien dit

On peut y lire:

Une fondation privée peut-elle imposer ses choix au gouvernement?

Le PPP social, ou partenariat public-philanthropique, a le vent dans les voiles. L'injection d'argent frais pour le développement des jeunes ou la persévérance scolaire passe de plus en plus par la création de fonds gérés de façon paritaire par le gouvernement et la Fondation Lucie et André Chagnon: plus de 1 milliard de dollars sur 10 ans. Des critiques commencent à s'élever contre ce nouveau modèle de gouvernance.

Le siège social de la Fondation Lucie et André Chagnon est situé au coin des rues McGill College et Sherbrooke, à Montréal, quelques étages au-dessus des bureaux du premier ministre du Québec. Simple hasard? Probablement. Mais l'influence de cette fondation sur le gouvernement de Jean Charest est incontestable. Depuis deux ans, des partenariats pour un montant total de 1,1 milliard ont été conclus (une moitié provenant de la Fondation et l'autre du gouvernement), dont 600 millions depuis quelques mois.

Accueilli comme un apport d'argent frais par plusieurs, le modèle en fait néanmoins sourciller d'autres, qui craignent de voir l'État abdiquer ses responsabilités dans le champ social.

L'argent public est-il mieux dépensé ainsi? Est-ce que le gouvernement se laisse dicter ses politiques par un riche mécène? Qu'arrivera-t-il lorsque les priorités de l'organisme de charité changeront ou lorsque les partenariats arriveront à échéance dans 10 ans? Voilà autant de questions qui affleurent aux lèvres de plusieurs intervenants oeuvrant auprès des jeunes, tant dans le communautaire que dans le réseau public.

Influente, la Fondation Chagnon (FC) n'en est pas moins discrète. Elle a d'ailleurs récemment refusé de se présenter en commission parlementaire alors que les députés étudiaient le projet de loi 7 créant le Fonds de développement des jeunes enfants dans lequel le gouvernement investirait 150 millions sur 10 ans et la Fondation, 250 millions. «Le projet de loi appartient au gouvernement. On est soit trop près, soit trop loin. On s'est dit que le projet serait évalué au mérite par les parlementaires», explique, un peu embarassé, le vice-président de la FC, Jean-Marc Chouinard.

Discrète, la FC l'est aussi dans ses actions. Des partenaires ont expliqué au Devoir être tenus par une entente de confidentialité de ne pas dévoiler les montants de certaines subventions obtenues.

Quoi qu'il en soit, trois nouveaux partenariats entre les Chagnon et le gouvernement sont en train de se concrétiser ce printemps: un pour les jeunes enfants pauvres, un pour la persévérance scolaire et un autre pour les aidants naturels des aînés (avec la fiducie familiale SojecciII). Ces trois initiatives s'ajoutent au Fonds pour le développement de saines habitudes de vie, en vigueur depuis 2007.

Même si la décision finale s'impose finalement à la France, «nous avons une réglementation nationale qui nous permet de prendre davantage de précautions », notamment en ce qui concerne la publicité, a-t-elle ajouté.

«C'est une approche d'experts, le nouveau modèle de gestion par cible, hautement scientifique. [...] Des gens qui ont beaucoup d'argent et des idées décident de ce qui est bien pour les pauvres. On ne demande pas à la population pauvre du quartier Jean-Dallaire de quoi ils ont besoin», dénonce Vincent Greason de la Table ronde des organismes volontaires d'éducation populaire de l'Outaouais. Depuis un peu plus d'un an, M. Greason tient un blogue -- Observatoire Fondation Chagnon -- pour mieux faire connaître les faits et gestes de la discrète fondation.

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) vient pour sa part tout juste de décider d'organiser un événement public cet automne sur les PPP sociaux. Le président de la centrale, Réjean Parent, s'indigne de voir les «missions de l'État cédées à un conseil d'administration fantoche, dont la moitié est composée de la Fondation Chagnon». S'il salue la charité ordinaire, il considère que lorsqu'on veut orienter les politiques publiques, «on n'a qu'à se faire élire».

«À ce compte, j'appréciais plus les fondations des communautés religieuses: elles faisaient acte de charité sans commander les orientations de l'État», lance le syndicaliste dont les membres sont très présents dans le réseau de l'éducation.

Lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 7 en avril, la plupart des groupes entendus ont d'ailleurs émis de sérieuses réserves sur ce nouveau mode de gouvernance.

Le ministre de la Famille, Tony Tomassi, réfute l'interprétation voulant que son gouvernement se laisse dicter ses priorités par des mécènes. «La mission de la Fondation Chagnon est identique à celle du gouvernement et du ministère de la Famille», affirme d'emblée le ministre,

Il réfute les critiques voulant que l'État se déleste ainsi de ses responsabilités,

Le vice-président de la FC, Jean-Marc Chouinard, est bien conscient du discours de ses détracteurs.

Mon commentaire

Je l'avais bien dit et on ne m'avait pris au sérieux. Si je me suis présenté aux élections provinciales du 26 mars 2007, c'était pour dénoncer précisément ce partenariat privé public, moitié moité, au niveau de l'argent et des décisions.

La société québécoise deviendra assujetti à des décisions d'un non imputable. Une fondation privée qui peut prendre des décisions gouvernementales, c'est inacceptable. Je l'ai très bien exprimé dans mes textes explicatifs lors de ma campagne électoral et dans la lettre que j'ai envoyée à la gouverneure général du temps.

André Chagnon est un mégalomane de la charité. Il sait mieux que tous nous autres ce qui est bon de faire avec notre vie. Avec l'argent de sa fondation, il a réussi à acheter le sens moral des députés pour aller chercher une partie du pourvoir de l'état pour nous imposer son opinion.

Imaginez ça, j'ai fait des représentations auprès du critique de la santé de l'ADQ, qui était devenu pour la première fois l'opposition officielle, pour qu'il fasse au moins une critique sur le projet de loi créant un fonds pour la promotion de saines habitudes de vie. Éric Caire a ris de moi, il m'a envoyé promener. Ce projet de loi fut adopté à l'unanimité et sans amendement.

Pour marquer leur présence comme opposition officielle, l'ADQ aurait dû sauter sur cette occasion en or qui se présentait devant eux. L'ADQ aurait dû proposer, à ce projet de loi numéro un, un amendement pour refuser que le roi Chagnon et sa fondation puissent prendre des décisions sur le comment une partie de l'argent de l'état devrait être dépensé.

Comment pouvons-nous explique que le projet de loi créant un fonds pour la promotion de saines habitudes de vie fut adopté à l'unanimité et sans amendement par les députés?

Est-ce qu'un mégalomane peut-être altruisme? André Chagnon recherche la sensation d'avoir du pouvoir, il fait de l'altruisme instrumentale. Il utilise l'image de sainteté, qu'on attribut aux personnes reconnues comme altruistes, pour vivre une sensation d'avoir du pouvoir. Il veut avoir l'impression de pouvoir réaliser son fantasme mégalomane de transformer la société québécoise à son image.

S'il ne souffrait pas de mégalomanie chronique, il n'aurait pas cherché à avoir une entente moité moité avec l'état. Cette exigence n'est pas pour le mieux pour la population mais, pour lui permettre d'obtenir beaucoup de pouvoir. Si André Chagnon serait vraiment altruisme, il donnerait son argent à des causes de son choix sans imposer sa façon de penser du comment les organismes bénéficiaires devraient dépenser l'argent qu'ils reçoivent de lui. Il veut imposer sa façon de penser parce qu'il se pense plus intelligent que n'importe qui.

Pour satisfaire sa mégalomanie, la chose la plus facile à faire, pour berner les gens, c'est de choisir des causes que personne, à prime à bord, ne peut être contre.

Celui qui s'occupe de la lutte contre la pauvreté des enfants et de faire la promotion de saines habitudes de vie, ne peut qu'être bon, sincère et honnête. Genre de causes qui purifient les intentions de la personne qui veut s'impliquer dans celles-ci. C'est le syndrome du curé qui s'applique, ainsi personne ne peut s'imaginer qu'un curé serait malhonnête, car il est le porte-parole de la vertu.

Dire que l'organisme Équilibre a accepté de recevoir 350 000 $ de cette fondation et 350 000 $ de l'état pour un total de 700 000 $ cette année. Quel est le sens moral des membres de leur conseil d'administration ? On appele ça comment une personne qui renie ses valeurs et ses opinions pour de l'argent ?

La preuve que les membres de cet organisme se font diriger par la fondation Lucie et André Chagnon, c'est la journée sans diète organiser par elles et qui a été ignorée presque totalement par les journalistes. Pourtant, elles avaient les moyens de se faire entendre. La fondation Chagnon a dû intervenir pour que les médias en parle peu de cette journée.

Car, la priorité ultime du roi Chagnon, c'est la lutte contre la prétendue épidémie d'obésité. Dans les textes du projet de loi, en question, il y a des passages qui parlent de sa volonté de contrôler l'information pour s'assurer que les journalistes diffusent seulement son opinion au sujet de l'obésité. Il veut tout contrôler.

Pour les personnes qui luttent contre l'obsession de la minceur, nous n'avions vraiment pas besoin d'une fondation gérer par un mégalomane, qui s'est associé au pouvoir de l'état pour imposer son opinion intégriste anti-obésité. Cela en considérant qu'il est déjà difficile de contrer l'influence des médias, de la culture de la beauté égale minceur, de l'industrie pharmaceutique et de l'amaigrissement qui contribuent déjà fortement maintenir les femmes dans l'obsession de la minceur.

Commentaire fait par José Breton

Informations supplémentaires

L'histoire:

La dictature de la charité?

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