Addiction à la nourriture : existe-t-elle vraiment ou s'agit-il d'un mythe ?
BBC News Afrique, 24 juillet 2024

Manger, lorsqu'on n'en ressent pas le besoin, ne génère pas la sensation de plaisir et d'apaisement.

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Sujet:La manipulation à l'aide du sentiment de culpabilité

On peut y lire:

Le concept d'addiction alimentaire soulève un certain nombre de difficultés.

Depuis quelques années, on étudie la possibilité que nous puissions devenir dépendants de certains aliments, en particulier ceux dont nous aimons beaucoup le goût.

Vous avez probablement entendu dire que le sucre, par exemple, crée une dépendance.

Qu'en dit la science ?

Accro à la nourriture qui a le meilleur goût

L'addiction peut porter sur des substances (telles que l'alcool ou le cannabis) ou sur des comportements (tels que les jeux d'argent).

En ce qui concerne le premier type, l'American Psychiatric Association établit dans son Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V-TR) les critères permettant de le diagnostiquer.

Ceux-ci incluent une déficience sociale ou un manque de contrôle sur la consommation.

L'addiction à la nourriture a été établie sur la base de similitudes avec l'addiction aux substances. Par exemple, la perte de contrôle ou le besoin impérieux de manger de la nourriture, une pulsion activée par des aliments très appétissants.

La perte de contrôle est un point commun avec l'alcoolisme et la toxicomanie.

Ils sont définis comme ceux que nous aimons beaucoup plus que d'autres, tels que ceux qui contiennent des niveaux élevés de sodium ou de graisses saturées.

Au niveau du cerveau, ils peuvent agir de la même manière que les drogues d'abus.

Un diagnostic problématique

Cependant, le concept de dépendance alimentaire soulève un certain nombre de difficultés. D'une part, l'alimentation est physiologique et il peut être complexe de déterminer ce qui est approprié et ce qui ne l'est pas.

D'autre part, il n'est pas possible (comme pour les drogues) que l'objectif du traitement soit d'éliminer la consommation : nous avons besoin de manger pour survivre.

De plus, l'addiction alimentaire est souvent confondue avec d'autres problèmes tels que l'obésité, l'hyperphagie boulimique ou la boulimie. Cliniquement, la séparation de ces troubles est compliquée.

Si l'on considère qu'une personne peut développer une addiction à la nourriture, il semble logique de penser qu'il est possible de la diagnostiquer.

Vous souvenez-vous que nous avons mentionné le manuel DSM-V-TR plus haut ? Eh bien, l'addiction à la nourriture n'est pas considérée comme un trouble dans ce manuel. Il n'existe pas de critères diagnostiques spécifiques pour ce comportement, en dehors de ceux qui existent pour l'addiction en général.

Ni l'American Psychiatric Association ni l'Organisation mondiale de la santé ne la considèrent pas comme un trouble.

Légende image, L'addiction à la nourriture est souvent confondue avec d'autres problèmes tels que l'obésité, l'hyperphagie boulimique ou la boulimie.

Comment pouvons-nous donc la diagnostiquer ? L'outil principal est un test psychométrique appelé YFAS et mis au point il y a quelques années par l'université de Yale.

Depuis lors, c'est l'outil le plus largement utilisé pour détecter et étudier l'addiction alimentaire.

Arguments favorables

Certaines caractéristiques de l'addiction en général semblent se retrouver dans le cas de la prise alimentaire.

Par exemple, certaines personnes en surpoids sont incapables d'exercer un contrôle sur la quantité de nourriture qu'elles consomment, même si elles savent que cela leur a causé de graves problèmes de santé. Ce phénomène est très similaire à celui des toxicomanes.

Les techniques de neuro-imagerie ont permis d'observer des changements dans le cerveau en cas d'addiction à la nourriture. Par exemple, des altérations ont été identifiées dans des zones du cerveau qui sont également modifiées dans la toxicomanie.

En particulier, le système dopaminergique mésolimbique est altéré dans les deux cas.

Certaines personnes en surpoids sont incapables de contrôler la quantité de nourriture qu'elles consomment.

Les fluctuations des niveaux de dopamine, un neurotransmetteur, dans ces régions peuvent être à l'origine de notre sensibilité à des stimuli, la nourriture ou les substances abusives.

Arguments défavorables

De nombreuses recherches sur l'addiction alimentaire ont été menées sur des modèles animaux, tels que les rats ou les souris.

Dans ces travaux, la disponibilité des sujets d'étude à un type d'aliment ou à un autre est assez limitée. Ce n'est pas le cas dans la vie réelle : dans les sociétés riches, les humains peuvent avoir accès à n'importe quel type d'aliment à tout moment.

Deuxièmement, le chevauchement de l'addiction alimentaire avec d'autres troubles (en particulier avec l'hyperphagie boulimique) fait qu'il est très difficile de l'isoler en tant que trouble autonome. Par exemple, des patients souffrant d'hyperphagie boulimique et des personnes souffrant d'addiction alimentaire ont obtenu des résultats similaires au test YFAS.

Enfin, les spécialistes ne se mettent pas d'accord sur la question de savoir si le problème vient d'un aliment en particulier ou de l'acte de manger lui-même. Cela complique davantage la conceptualisation en tant que trouble.

Qu'en est-il de l'addiction au sucre ?

Vous avez probablement entendu dire plus d'une fois que nous sommes dépendants du sucre. En ce sens, il peut être considéré comme un sous-type d'addiction alimentaire.

Il n'est pas certain que le sucre puisse fonctionner comme une drogue d'abus au niveau du cerveau.

Elle consisterait en une consommation excessive d'aliments ultra-transformés riches en sucre, qui créent une dépendance en raison de leurs propriétés renforçantes. Cependant, il n'est pas certain qu'il puisse fonctionner comme une drogue d'abus au niveau cérébral, du moins chez l'homme.

Comme dans le cas du sucre, certaines études ont même exploré l'existence possible d'une dépendance au chocolat ou à la restauration rapide (qui, en outre, est souvent consommée avec des boissons riches en sucre). Mais il reste encore beaucoup de recherches à faire.

En conclusion

Même s'il semble évident qu'il se passe quelque chose avec la nourriture, le concept d'addiction appliqué à la prise alimentaire présente encore de nombreuses ambiguïtés qui doivent être clarifiées par la recherche. Il s'agit actuellement d'un terme ambigu, du moins au niveau clinique.

La préférence pour l'un ou l'autre aliment est quelque chose que tous les êtres humains partagent et que, d'une manière générale, nous avons appris.

Ce qu'il faut savoir, c'est pourquoi la consommation de certains aliments peut devenir très problématique pour certaines personnes. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons prévenir ces problèmes et aider ceux qui en souffrent.

*Elisa Rodríguez Ortega est professeure associée à l'UNIR - Université internationale de La Rioja, Espagne.

*Cet article a été publié dans The Convapaisementersation et est reproduit ici sous la licence Creative Commons.

Mon commentaire

Dans ce texte, on tente de répondre à la question suivante : si la nourriture avait un effet addictif, comment cela se produirait physiologiquement parlant ?

Il semble, qu'il n'y a pas d'argument appuyé par des recherches scientifiques qui nous permettrait de penser que la nourriture, dont le sucre en particulier agirait, comme une drogue addictive. Qu'en est-il vraiment ?

Se nourrir n'a pas comme seule utilité de fournir de l'énergie. C'est nécessaire pour nous maintenir en bonne santé mentale.

Le plaisir est une stratégie de survie que notre corps adopte. Une bonne santé mentale dépend du nombre de moments de plaisir que l'on vit au cours d'une journée.

Le plaisir est un message que le corps nous envoie lorsqu'on est en train de combler un ou plusieurs de ses besoins. C'est du renforcement positif.

Ressentir un besoin nous fait vivre de l'anxiété. Une bonne santé mentale se définit par une faible intensité d'anxiété. Pour ce faire, il faut combler adéquatement tous nos besoins, afin d'obtenir une bonne qualité de vie.

Manger, c'est réconfortant, parce que cela nous permet de survivre.

Manger apaise la souffrance de la faim. Nous avons autant besoin de moments de bien-être qu'on a besoin des moments de plaisir qui surviennent au moment précis où l'on mange. Manger nous amène à vivre des moments de béatitudes.

Afin de pouvoir bénéficier d'un moment de plaisir, suivi d'un moment d'apaisement, il faut avoir faim. Il faut ressentir le besoin de manger. En d'autres mots, il faut être en état de souffrance.

Manger, lorsqu'on n'en ressent pas le besoin, ne génère pas une sensation de plaisir et d'apaisement.

Exemple: lorsqu'on a très soif, le premier verre d'eau est bon, mais rendu au quatrième le plaisir de boire n'y est plus, parce que notre besoin a été comblé.

L'apaisement apporté par la nourriture nous calme aussi les autres sources d'anxiété que nous avons. Exemple: manger va nous réconforter lorsqu'il nous arrive un drame ou que l'on a des inquiétudes. Manger, est un anxiolytique puissant.

C'est pour cela que manger contribue à une bonne santé mentale.

Manger pour ressentir une sensation d'apaisement serait manger nos émotions selon certaines spécialistes de la nutrition.

Leur objectif est de nous culpabiliser pour qu'on ingère moins de calories.

Les intégristes anti-obésité/malbouffes justifient leur position moraliste parce qu'ils considèrent l'obésité comme une maladie grave. Ils laissent sous-entendre que la nourriture savoureuse pourrait être addictive. Cela renforce le préjugé que les gros mangent trop ou qu'ils sont insatiables.

Les aliments réconfortants contiennent du gras et du sucre. Ils font partie de la catégorie dite de malbouffe. Les aliments péchés d'après les fanatiques qui luttent contre la prétendue épidémie d'obésité.

Le corps nécessite de l'énergie. Plus un aliment est riche en calories plus il est perçu comme bon au goût, et plus il génère une sensation d'apaisement. C'est une question de rendement énergétique de l'aliment.

Selon les biens pensants, il faudrait plutôt manger de manière rationnelle, en ne choisissant que les aliments les moins caloriques, qui seraient meilleur pour la santé.

Ainsi, il y a deux positions qui s'opposent:

ceux qui recherchent le plaisir et l'apaisement ;

celles qui recherchent la rectitude alimentaire.

Les personnes sur une diète ou en restriction alimentaire, manger cesse d'être une source d'apaisement. Leur vie devient trouble. En effet, elles vivent avec une intensité d'anxiété plus importante.

En réalité, nous sommes tous dépendant de la sensation d'apaisement. Ce qui fait la différence, c'est le besoin qui y est associé.

Il y a des besoins qui sont essentiels et d'autres artificiels. Les besoins artificiels sont introduits par la prise d'une drogue telle que la cocaïne, la morphine ou le cannabis. Il y a des récepteurs dans le cerveau pour chacune de ces drogues. Le corps cesse d'en produire naturellement. Ainsi, les toxicomanes doivent en reconsommer continuellement pour faire diminuer la souffrance associée à l'état de manque dans le but de revivre un moment d'apaisement.

La sensation d'apaisement obtenue par la prise de drogue peut supplanter celle produite en comblant nos besoins essentiels comme se nourrir. Ce qui est néfaste pour la santé physique et mentale.

Les aliments et le sucre ne peuvent pas être considérés comme une drogue. même si on en est dépendant, de par la sensation d'apaisement qu'ils nous procurent, parce qu'ils ne modifient pas le fonctionnement du cerveau.

Commentaire fait par José Breton et basé sur ma conception de la dynamique de la santé mentale


La nature selon Boucar - Alain Naguère neurologue et la dépendance au sucre

En réalité, nous sommes tous dépendant de la sensation d'apaisement. Ce qui fait la différence, c'est le besoin qui y est associé.

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L'histoire

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